Fédéralisme à marche forcée
Federativna Evropa, po naređenju
Pravi vernici iskušavaju se u katastrofi. Tako pravi vernici u evropsku
federaciju nemaju nameru da odustanu od politike monetarne, budžetske i
trgovinske integracije, koja je produbila i produžila ekonomsku krizu.
Naprotiv, žele da povećaju ovlašćenja odgovornih za tu politiku. Ako evropski
samiti, paktovi za stabilnost i disciplinske mere nisu rešili problem, onda je
to zato, uveravaju nas naši pravi vernici, što nismo otišli dovoljno daleko:
svaki naš uspeh dugujemo Evropi, dok je za sve neuspehe kriv nedostatak Evrope.
Uljuljkani u ovu slepu veru, oni spavaju čvrstim snom i sanjaju lepe snove.
Les grandes catastrophes encouragent les croyants les plus fervents à
redoubler aussitôt de piété. Ainsi des fédéralistes européens : refusant
de concevoir qu’on puisse un jour tourner le dos aux politiques d’intégration —
monétaire, budgétaire, commerciale — qui ont aggravé la crise économique, ils
souhaitent au contraire renforcer l’autorité de ceux qui les ont mises en
œuvre. Les sommets européens, les pactes de stabilité, les mécanismes
disciplinaires n’ont rien arrangé ?
C’est, répondent invariablement nos dévots, parce qu’ils n’ont pas été assez
loin : pour eux, toute réussite s’explique par l’Europe, et tout
échec par le manque d’Europe. Cette foi du charbonnier les aide à dormir à poings fermés et à
faire de jolis rêves.
Ponekad imaju i košmare, jer federalisti ne zaziru od oluje; upozorenja na
neizbežnu oluju daju im izgovor za vanredno stanje, koje treba da uguši otpor
njihovom velikom planu. Kad ste zasuti neprijateljskom vatrom, nema povlačenja.
Morate doći do druge obale, ili poginuti, morate načiniti „federativni skok“
ili propasti. Kako je prošle godine izjavio Joška Fišer, bivši nemački ministar
spoljnih poslova: „Ukoliko sadašnja konfederacija ne evoluira u političku
federaciju sa centralnom vladom, evrozona – i Unija kao celina – će se
raspasti.“[1] U Francuskoj, ovo isto ponavljaju tri velike
radio stanice i dva vodeća dnevna lista, svakodnevno.
Des cauchemars, aussi, car les fédéralistes ne détestent pas les tempêtes.
Les annoncer leur permet même de briser toute résistance à leur grand dessein
en prétextant l’urgence. Au milieu du gué et sous la mitraille, nul ne doit
faire machine arrière. Il faut franchir la rivière ou se noyer, précipiter le « sursaut fédéral » ou consentir à la catastrophe. « Si la confédération actuelle n’évolue pas
vers une fédération politique avec un pouvoir central, estimait ainsi en
novembre dernier l’ancien ministre des affaires étrangères allemand Joschka
Fischer, la zone euro — et l’ensemble de l’Union — va se
désintégrer (1). » En France, les trois grandes radios
nationales et deux des principaux quotidiens prêchent chaque jour cette
antienne.
Slušajući federaliste, čovek bi pomislio da evropske institucije nemaju ni
vlast ni resurse, dok države imaju neograničeni autoritet i sredstva. Ali
Evropska centralna banka (ECB), koja se borila protiv krize sa poznatim
uspehom, dajući 1.000 milijardi evra za refinansiranje banaka, ne zavisi od
evropskih vlada ili evropskih birača. Umesto pritužbi na tesne stege zbog
nedovoljne integracije (zajednički budžet, jedan ministar), treba reći da je
harmonizacija evropske politike pod nemačkim režimom odricanja uspešno uvećala
i nacionalni dug i javno siromaštvo.
A entendre les fédéralistes, on imaginerait volontiers que les instances
européennes manquent de pouvoir et de ressources, tandis que les Etats
disposeraient d’une autorité et de moyens illimités. Mais la Banque centrale
européenne (BCE), qui a géré la crise avec le succès que l’on sait, consacrant
récemment la somme de 1 000 milliards d’euros au refinancement des
banques, ne dépend ni des gouvernements ni des électeurs de l’Union. Loin
d’être trop contrainte par un défaut d’intégration quelconque (budget commun,
ministre unique), l’harmonisation des politiques européennes sous la toise de
l’austérité allemande a déjà produit des résultats, puisqu’elle est parvenue à
creuser l’endettement des Etats et à accroître la misère des peuples…
Današnji proroci propasti su nekadašnji optimisti. Podržavali su
tehnokratski nametnute mere Evropske zajednice pre 30 godina; klicali su
najvećem svetskom tržištu, zatim jedinstvenoj valuti, pa onda „politici
civilizovanja“; ignorisali su javnost čim bi se ona usprotivila; gazili svaki
plan za evropsku integraciju zasnovanu na socijalnom blagostanju, javnim
službama ili trgovinskoj zaštiti. Ali kad sat otkuca ponoć i kad se njihove
kočije pretvore u bundevu, zaboravljaju koliko su se radovali, i zaklinju se da
su oduvek upozoravali kako ovaj plan nikad neće uspeti.
Or les Cassandre d’aujourd’hui sont les béats d’hier. Instigateurs des
politiques communautaires imposées au forceps depuis trente ans, ils ont
célébré tour à tour le plus grand marché du monde, la monnaie unique, la « politique de civilisation » ;
ignoré le verdict populaire sitôt qu’il leur était contraire ; détruit tout projet d’intégration qui
aurait reposé sur le mieux-disant social, les services publics, des écluses
commerciales aux frontières de l’Union. Minuit sonne, le carrosse devient
citrouille ; ils oublient soudain
leur allégresse d’antan et jurent nous avoir toujours alertés que cela ne
marcherait jamais.
Da li će današnja drama biti izgovor za nametanje novog federativnog skoka,
a da univerzalno pravo glasa ne dobije priliku ni za naklon pre nego što
napusti scenu? Evropa je već u nevolji; ne može sebi priuštiti da ponovo
zanemari demokratiju.
La dramatisation financière servira-t-elle de prétexte pour imposer un bond
en avant fédéral sans le soumettre à la corde de rappel du suffrage universel ? Une Europe déjà mal en point peut-elle
vraiment se permettre ce nouveau déni démocratique ?
1. Le Figaro, Paris, 7. 11. 2011.
Izvor : http://pescanik.net/2012/07/federativna-evropa-po-naredenju/